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08/09/2009

La "nouveauté du Royaume", et le devoir de "contribuer au salut de l'humanité"

Théologie de la Création, théologie de l'Histoire, et devoirs du chrétien d'aujourd'hui :


 

Le 6 septembre, Benoît XVI s'est rendu à Bagnoregio, ville natale de saint Bonaventure : moine-évêque-cardinal-docteur de l'Eglise (mort en 1274) dont Joseph Ratzinger étudia la théologie de l'Histoire [1],  le franciscain Bonaventure était aussi un mystique de la Création. Dans L'itinéraire de l'homme vers Dieu [2], il écrit :

« Celui que tant de splendeurs créées n'illumine pas est un aveugle. Celui que tant de cris ne réveille pas est un sourd. Celui que toutes ces oeuvres ne poussent pas à louer Dieu est un muet. Celui que tant de signes ne forcent pas à reconnaître le premier Principe est un sot. Ouvre donc les yeux, prête l'oreille de ton âme, délie tes lèvres, applique ton coeur : ainsi toutes les créatures te feront voir, entendre, louer, aimer, servir, glorifier et adorer ton Dieu. Sans quoi prends garde que l'univers tout entier ne se dresse contre toi. Car pour cela ''le monde entier accablera un jour les insensés !'' (Sagesse 5, 21)... »


Prenant la parole dans la cathédrale, Benoît XVI a dit : « Comme  il serait utile de redécouvrir aujourd'hui la beauté, la valeur de la création, à la lumière de la bonté et de la beauté divine ! Dans le Christ, l'univers lui-même, note saint Bonaventure, peut redevenir une voix qui parle de Dieu et qui nous pousse à en explorer la présence : elle nous exhorte à l'honorer et à le glorifier en toutes choses. On ressent ici l'esprit de saint François, dont notre saint a partagé l'amour de toutes les créatures. »  Le pape voit en saint Bonaventure un « messager d'espérance » qui affirme : « espérer c'est vouloir », et : « qui espère doit lever la tête et tourner ses pensées vers le haut, vers la hauteur de notre existence, c'est-à-dire vers Dieu ». D'où la nécessité, selon Benoît XVI, d'une « ferme espérance » pour « nous donner la certitude d'atteindre un grand objectif et justifier la fatigue du chemin » : « Seule cette grande espérance-certitude nous assure qu'en dépit des échecs de la vie personnelle et des contradictions de l'histoire dans son ensemble, nous sommes toujours gardés par le ''pouvoir indestructible de l'amour''. Alors, lorsque nous sommes soulevés par une telle espérance, nous ne risquons pas de jamais perdre le courage de contribuer - comme les saints l'ont fait - au salut de l'humanité, en ouvrant nous-mêmes et le monde à la venue de Dieu, de la vérité de l'amour et de la lumière. »

Le pape a salué la recherche théologienne d'aujourd'hui : «En évoquant [Bonaventure], ce grand chercheur et amoureux du savoir, je voudrais en outre exprimer mes encouragements et mon estime pour le service que les théologiens, dans la communauté ecclésiale, sont appelés à rendre à cette foi que cherche l'intellect, cette foi qui est amie de l'intelligence et qui devient une nouvelle vie selon le projet de Dieu.»

Je me permettrai de rapprocher cela de ce qu'écrivait Josef Ratzinger en conclusion de sa Théologie de l'histoire de saint Bonaventure :

«Ainsi souffle déjà ici le parfum d'un temps nouveau, dans lequel le désir de la gloire de l'autre monde est recouvert par un profond amour pour cette terre,  sur laquelle nous vivons. Malgré toute la différence des temps qui sépare aussi les oeuvres des grands théologiens chrétiens, subsiste une unité décisive : Augustin comme Bonaventure savent que l'Eglise, qui espère la paix pour un ''jour à venir'', a pour devoir l'amour pour le ''maintenant'', et que le royaume de la paix éternelle croît dans le coeur de ceux qui accomplissent, chaque fois en leur temps, la loi de l'amour du Christ.. » 


Le Royaume est perpétuellement nouveau : le devoir des chrétiens est d'accomplir par « amour pour le ''maintenant'' » (« chaque fois en leur temps ») la loi de l'amour du Christ. C'est autre chose que de ressasser des coutumes d'avant-hier, par aversion envers nos contemporains.

« Le drame de la faim dans le monde appelle les chrétiens qui prient en vérité à une responsabilité effective envers leurs frères, tant dans leurs comportements personnels que dans leur solidarité avec la famille humaine. Cette demande de la Prière du Seigneur ne peut être isolée des paraboles du pauvre Lazare [Luc 16, 19-31) et du jugement dernier [Matthieu 25, 31-46]. Comme le levain dans la pâte, la nouveauté du Royaume doit soulever la terre par l'Esprit du Christ. Elle doit se manifester par l'instauration de la justice dans les relations personnelles et sociales, économiques et internationales, sans jamais oublier qu'il n'y a pas de structure juste sans des humains qui veulent être justes... » [3]

 

 ___________ 

[1]  La théologie de l'histoire de saint Bonaventure, Puf 1988.

[2]  Itinerarium mentis ad Deum : composé en 1259 après une expérience mystique sur le mont Alverne, cet ouvrage se présente comme l'enseignement d'une « science du chemin ». Edition française : Vrin, 2001.

[3]  Catéchisme de l'Eglise catholique, §§ 2831-2832.

  

Commentaires

EXPERIMENTALE

> Oui, l'Evangile pris au sérieux est une puissance de renouveau, toujours expérimentale puisque nous n'avons pas ici bas de cité permanente" !

Écrit par : Michèle | 08/09/2009

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